Le second, le film Sordid Earth de Mat Collishaw. Projection au Roundhouse, à Londres. habillé pour la circonstance par le célèbre architecte et designer Ron Arad, qui a créé une sorte de rideau magique circulaire de dix-huit mètres de diamètre, fait de tubes de plastique blanc qui captent les projections émanant d’une douzaine de projecteurs. Projection circulaire donc, qui peut être vue soit de l’intérieur (on est alors complètement immergé) soit de l’extérieur, à distance, de haut... - mais, immergé dans quoi demanderez-vous ?
Dans la forêt vierge façon Mat Collishaw, une forêt vierge elle même immergée sous la pluie, secouée par le tonnerre et les éclairs, habitées par des milliers d’insectes, et dans laquelle d’immense orchidées poussent, s’épanouissent et se dilatent avant de se détruire aussi vite, comme par autophagocytose, le tout dans une atmosphère de clair de lune disparue, de fin du monde, de disparition là encore, de la nôtre en l’occurrence...
Debout, assis, couchés à l’intérieur de ce paysage inspiré de John Martin et Martin Johnson Heade, paysage panoramique, circulaire, qui nous emprisonne jusqu’à nous étouffer de sa beauté angoissante d’orage apocalyptique, de fleurs foisonnantes, nous perdons pied sur la terre sordide de Collishaw, qui lui se délecte, selon ses propres termes, à “exploiter les effets corrosifs de notre appétit inextinguible pour les représentations de notre terre ravagée par les catastrophes”.